Manger, c’est nourrir le Corps bien sûr, les Sens nous y pensons, mais aussi profondément notre Tête et notre Cœur : parce que tout est symbole et que nous sommes des êtres d’émotions, nous sommes touchés par ce que nous apprenons, partageons, découvrons…
Ma Tête, mon Cœur et tout mon être ont été richement nourris par une belle rencontre avec Safiatou Rouamba Sam, présidente créatrice d’une coopérative de femmes et transformatrice burkinabaise, avec la complicité de la magnifique Catherine BARRIER de l’Auberge des Clarines et de Philippe DURAND de l’Herbier de la Clappe qui a orchestré cette rencontre dans le cadre du Festival Lafi Bala.
*Le récit de cette rencontre a été partagé le 25 juin 2019 sur France Bleu Pays de Savoie, il est à réécouter ici.
Il est 10h00 dans les Bauges, j’arrive à l’Auberge des Clarines et Catherine est déjà en cuisine en train de faire goûter à Safiatou quatre versions de mayonnaises à base de poudre de baobab dont elle vient d’avoir l’idée. Non loin, une sublime escabèche de saumon au baobab et des aiguillettes de poulet au bissap marinent gentiment…
Philippe me présente Safiatou et nous sommes partis pour un tour de table où nous partageons nos expériences de vie autour de notre passion commune pour la cuisine, en dégustant les petits soufflés sucrés tout chauds dont Catherine a eu l’idée un quart d’heure plus tôt et qui sortent tout juste du four. Safiatou nous raconte comment elle apprête le pain de singe, poudre du fruit du baobab, délicieusement fruitée et acidulée dont Catherine et moi en quelques jours sommes devenues addicts ! Catherine gratte des pages de notes sur ces aliments exotiques, leurs saveurs, les transformations culinaires traditionnelles au Burkina… Je demande foultitudes d’informations sur les techniques culinaires, la façon de travailler le goût, les couleurs… Safiatou qui est formée à la nutrition nous explique comment certains végétaux comme la poudre de moringa viennent enrichir les repas des enfants pour leur assurer des apports suffisants en protéines : la viande est chère et donc rare. Philippe qui a vécu en Afrique nous apporte de précieux éclairages sur des réalités dont nous ne pourrions prendre la mesure : « Quand Safiatou dit que c’est un peu dur, il faut entendre que c’est « très difficile »… ». Je partage mon expérience de diététicienne comportementaliste, j’explique qu’ici c’est notre déconnection à notre corps, à nos besoins de base, qui est à la source de nos problèmes de surconsommation alimentaire… Nous accueillons, avec un désir bienveillant de connaître les réalités de l’Autre. Nous partageons également des « trucs de filles » : Safiatou est sublime avec ces tresses impeccablement ciselée et sa robe brodée de tissu ! Je montre des images de mon blog, les petites créations culinaires que je photographie dans la mousse des bois, dans la neige… Nous nous nourrissons de nos enthousiasmes.
Puis c’est le passage en cuisine, Catherine nous accueille dans son domaine. Elle nous montre comment cuire les aiguillettes de poulet pour en conserver la superbe tendreté tout en récupérant des sucs qui formeront la base de la sauce qui les accompagneront. La sauce est rose d’échalotes et surtout de bissap, l’hibiscus africain qui donne des infusions rouge peps et acidulées !
Puis c’est au tour des légumes de se voir faire un sort : j’ai apporté des belles pommes de terre et patates douces que nous coupons en gros quartiers, puis brassons dans un filet d’huile avec une belle poignée de sarriette de l’Herbier de la Clappe, avant de les glisser au four pour les faire rôtir. Aux aubergines, poivrons et courgettes ensuite d’être coupés en gros morceaux gourmands, que nous faisons revenir en ratatouille généreuse avec mangue séchée et thym citronné ; l’idée m’est venue 48h auparavant, nous allons voir ce que cela donne… !
« Les hommes » nous rejoignent !, c’est le moment de savourer en continuant à partager nos expériences. Verdict : waouh !!! Les mayonnaises à la poudre de baobab sont de la « tuerie pure » !!! La saveur acidulée qu’elle apporte est juste addictive, et le mariage avec ce saumon rose, frais, parfumé est simplement sublime… Le poulet est d’une tendreté parfaite, les pétales d’hibiscus que Safiatou nous a apportés et ajoutés en plus au moment du service dans la sauce laissent diffuser leurs pigments rouge vif et ravissent nos yeux en même temps que nos papilles. Safiatou n’avait jamais fait rôtir des pommes de terre de cette façon au four, elle aime ! La ratatouille réveillée par le thym citronné et où la mangue séchée s’est gorgée de jus nous rafraîchit…
Puis c’est le moment des desserts, Catherine a relancé une fournée de mini soufflés parfumés à la poudre de baobab et réalisé un coulis express à la mangue, les soufflés sont encore meilleurs que la première version que nous avions testée deux heures plus tôt ! Et c’est au tour de la tarte chocolat-banane acidulée au baobab et curcuma que j’ai imaginée pour l’occasion de faire sa star : douceur, fruité, exotisme… Nous sommes tous conquis, ravis de ce moment (trop court) que nous venons de vivre, et impatients de nous retrouver au festival Lafi Bala pour prolonger les bons moments…