Pourquoi grossit-on ?

Ca y est, le blog sort de sa torpeur estivale pour sauter à pieds joints dans la rentrée ! Plusieurs idées recettes se mitonnent, mais je vous propose de réattaquer avec une réflexion sur les causes d’une prise de poids : pourquoi grossit-on ? Souvent les personnes en souci avec leur poids sont demandeuses de conseils pour « équilibrer leur alimentation ». Nous sommes persuadés que notre « mal-manger » (« trop gras, trop sucré, trop salé »…) est la source de tous nos maux, et nous n’avons pas conscience que c’est d’une pluralité de facteurs que dépend la prise de poids. Facteurs d’origine alimentaire… ou non ! car si l’on remonte à la source, les déséquilibres du comportement alimentaire (quand déséquilibre il y a) peuvent être consécutifs à d’autres vécus (psychologiques, physiologiques…). On explore un peu tout ça ?  

Un comportement alimentaire dérégulé

Lorsque le comportement alimentaire est régulé, le Mangeur Libre est à l’écoute de ses sensations alimentaires – FAIM, ENVIES, PLAISIR, RASSASIEMENT – manger se fait dans la fluidité, sans se poser trop de questions, et le poids reste stable.

Parfois, un décalage prolongé peut être source d’une prise de poids. Ce décalage consiste en particulier à manger TROP, c’est-à-dire quand on n’a pas FAIM ou plus FAIM. A l’origine de ce déséquilibre on peut trouver :

  • un mode automatique : quand les habitudes pilotent nos prises alimentaires, qu’on mange sans s’en rendre compte, souvent VITE, sans que ça réponde à un besoin particulier, ou quand on fait au plus pratique et qu’on n’entend pas ce que notre organisme réclame vraiment… ;
  • la restriction cognitive : des règles diététiques se bousculent dans notre tête, nous ne savons plus très bien comment manger et nous ne faisons plus confiance à nos sensations alimentaires, surtout à ces terrifiantes ENVIES qui nous “poussent au crime” ! ;
  • les émotions : il arrive que nous vivions des chamboulements émotionnels consécutifs, sur des périodes prolongées, et que nous n’arrivions plus à nous réconforter sereinement avec la nourriture, le besoin de réconfort prenant le pas sur tous les autres (besoins du corps…).

Dans ces situations, la balance énergétique est déséquilibrée : on ingère plus d’énergie que l’on en dépense, et nos réserves de graisse s’accroissent.

Des facteurs psycho-émotionnels sans modification du comportement alimentaire

J’ai à plusieurs occasions entendu des personnes qui, suite à un événement ou dans une période difficile, avait subi une prise de poids importante en très peu de temps (« 6kg en deux semaines »…), sans qu’elles n’aient rien changé à leurs habitudes alimentaires.

Qu’est-ce que notre corps nous fait là ? En fonction des stress que nous rencontrons, des adaptations métaboliques vont se produire et favoriser stockage d’énergie, rétention d’eau…

Ce n’est pas d’un régime dont notre organisme stressé a besoin, c’est notre tête qui a besoin d’être apaisée. La réponse ne sera alors pas alimentaire : elle sera psychologique.

Les “polluants” extérieurs

Nous sommes exposés à divers polluants dans notre environnement dont certains peuvent avoir une incidence sur notre poids.

On a récemment parlé par exemple du bisphénol A : perturbateur endocrinien, il est confondu dans notre organisme avec nos propres hormones et déclenche des mécanismes inappropriés (il favoriserait le passage de cellules grasses immatures au statut d’adipocytes, perturbant le métabolisme énergétique – voir cet article).

Par ailleurs, notre organisme se préserve de certains polluants persistants en les stockant dans notre masse grasse afin d’épargner les organes les plus sensibles. Une exposition particulièrement importante aux polluants favoriserait-elle une augmentation de masse grasse à visée protectrice ?

Les “polluants” sont aussi bien des substances issues de la chimie, que des métaux lourds (mercure, plomb, cadmium…) ou parfois certains médicaments…

 

Des perturbations physiologiques

Pour que notre organisme fonctionne comme une machinerie bien huilée, nous devons répondre à des besoins fondamentaux : respirer, boire, manger, dormir, excréter nos déchets, bouger. Nos comportements nous permettent de répondre de manière optimale ou non à ces besoins.

L’organisme, c’est un tout : c’est la somme d’une foultitude de paramètres pour lesquels notre cerveau recherche un équilibre constant. Si l’un des paramètres est dans le rouge, on aura beau en mettre d’autres au “plus que vert”, le premier restera critique. Exemple : on aura beau se shooter aux compléments vitaminés et se priver de gâteau au chocolat, on n’arrivera pas à retrouver son poids d’équilibre si l’on ne dort pas son comptant… Aux organismes épuisés, la réponse n’est pas le régime : c’est le sommeil !!

Certaines données physiologiques cependant nous échappent : elles sont liées à des fonctionnements ou dysfonctionnements de notre organisme. Le balai de nos hormones par exemple peut influer grandement sur notre poids : Mesdames, renoncez définitivement à monter sur la balance les 15 jours qui entourent le début du cycle menstruel… votre moral en sera grandement préservé ! Autre exemple : dans un contexte de grossesse, les hormones induisent la constitution de réserves de graisse pour favoriser une bonne croissance du foetus et alimenter par la suite la lactation ; cette prise de poids physiologique va dans le sens de la vie, elle est précieuse et nécessaire.

Si nos fonctionnements normaux induisent des variations naturelles du poids, certains dysfonctionnements hormonaux peuvent parfois porter atteinte à sa régulation (ex : dérèglement thyroïdien, hyperœstrogénie…).

 

Un facteur physiologique de prise de poids peut de surcroît s’accompagner d’une modification du comportement alimentaire : la fatigue liée à une hypothyroïdie peut entraîner un mal-être source de compensations alimentaires, une grossesse peut s’accompagner de certaines angoisses que les grignotages vont aider à apaiser, etcetera etcetera.

Les choses sont rarement “tout blanc ou tout noir”, et quand on démêle les fils de la pelote, on trouve le plus souvent une pluralité de facteurs de prise de poids enchevêtrés…

Une alimentation carencée

Le manque fait grossir.

Nous avons accès à une abondance d’aliments raffinés : le raffinage permet de supprimer ou neutraliser les nutriments réactifs afin d’améliorer la conservation des aliments. Or il s’agit souvent de nutriments précieux pour notre organisme (vitamines, minéraux, oligo-éléments, fibres…). Nous consommons alors des aliments sources de nutriments énergétiques donc de calories (protéines, lipides, glucides) mais pauvres en nutriments fonctionnels : on dit que leur densité nutritionnelle est pauvre et qu’ils sont sources de calories vides.

Or, notre corps a indispensablement besoin de ces éléments, et nous devrons consommer plus d’aliments appauvris pour atteindre nos quotas !

Le choix d’aliments de meilleure densité nutritionnelle (exemple : pain complet au levain contre pain blanc à la levure, sucre de canne complet contre sucre raffiné, légumes de jardin contre légumes issus de culture intensive…) permet d’apporter à notre organisme tout ce dont il a besoin sous un volume plus restreint.

La variété alimentaire (manger de tout) est elle aussi nécessaire pour éviter les carences. Votre cerveau en général sait assez bien vous déclencher une ENVIE pour les aliments qui vous fourniront ce dont vous êtes en manque : tendez l’oreille !

Le sucre blanc raffiné a été privé de vitamines et minéraux. Le sucre roux (= sucre blanc coloré au caramel) est tout aussi pauvre en nutriments essentiels.

Le sucre complet est le suc de canne séché par cuisson puis râpé. Ce traitement préserve une grande quantité de micronutriments d’origine et sa densité nutritionnelle est bien meilleure que celle des sucres raffinés.

Conclusion

Si notre alimentation a une incidence certaine sur le fonctionnement de notre organisme, elle n’est pas toujours la source primaire de nos variations de poids : notre comportement alimentaire peut être influencé par notre tête, nos émotions, notre état de fatigue…

On peut également prendre du poids parce que quelque chose ne fonctionne pas de manière optimale dans notre corps, en lien avec des carences, les suites d’un choc ou d’une opération…

Notre alimentation peut aussi être “équilibrée” depuis longtemps sans que nous parvenions à retrouver notre poids d’équilibre, que nous soyons en manque de certains nutriments essentiels ou que le poids fasse sens dans un contexte de vie difficile…

Notre poids est la résultante d’une multitude de facteurs sur lesquels nous avons du pouvoir (notre comportement alimentaire, le choix de nos aliments…) ou pas (notre poids d’équilibre génétiquement déterminé). Démêler la pelote de ce qui dans notre vie joue sur notre poids permet de reprendre les rennes là où c’est possible et de travailler au rythme de notre corps et avec bienveillance pour nous-même : nous avons toutes les clés en nous pour nous réguler, tendons l’oreille pour capter les signaux.

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