Qu’est-ce qu’une diététicienne épicurienne ?

Nous sommes nombreux à associer le mot « épicurien » à la notion de plaisir. Combiné à « diététique », cela sonne comme deux termes opposés, tant cette dernière peut évoquer fadeur et frustrations ! Comment une philosophie millénaire peut-elle inspirer un art de vivre et de manger à notre époque ? Remontons à la source…

L’épicurisme d’Épicure : une économie des plaisirs !

Dans l’imaginaire collectif, l’épicurien est ce « bon vivant » bien portant qui apprécie la bonne chère. C’est le gourmand, et même le glouton qui dévore les choses avec excès.

Sauf qu’à l’origine, c’est une toute autre idée qu’Épicure1 véhiculait : sa philosophie du plaisir est une philosophie de l’économie des plaisirs. « Le plaisir est une limite qui ne peut être dépassée sans se transformer immédiatement en douleur. Le plaisir est donc un bien par lui-même, mais un bien fragile, précaire, toujours menacé par une rupture d’harmonie. D’où un véritable calcul des plaisirs et une discipline ascétique que s’impose l’épicurien »2. On est loin de la gloutonnerie !

Tout plaisir n’est donc pas bon à prendre. Nous sommes conviés à agir avec sobriété et à choisir les actions menant à l’absence de douleur.

Qu’est-ce que le plaisir pour Épicure finalement ? C’est une forme de sérénité, une absence de souffrance du corps (aponie), et de l’âme (ataraxie). La conscience de cette absence de douleur est source de plaisir, c’est le « souverain bien ».

 

 

Quand la diététique rencontre Épicure, qu’est-ce que ça donne ?

En tant que diététicienne épicurienne, je mets la notion de plaisir au cœur de ce que je transmets. Attention, il ne s’agit pas de vous faire croire que vous atteindrez l’extase en mangeant une pomme quand vous avez envie d’un carré de chocolat ! Il s’agit bien de réhabiliter le plaisir de savourer ce qui va répondre à votre envie, sans la culpabilité liée aux croyances erronées sur la nourriture. Qui a osé vous dire que les pommes ne faisaient pas grossir alors que le chocolat si ?! Il est temps de mettre nuance et clarté dans tout cela.

Le plaisir est un guide, il témoigne de la satisfaction de nos besoins : paix du corps (absence de faim), mes besoins sont satisfaits (c’est la satiété). Si l’on écoute l’apaisement de la faim, que l’on sent le rassasiement, qu’on le respecte, on n’est pas dans le trop. On apporte à notre corps la juste dose d’énergie (calories) pour satisfaire ses besoins, et l’on régule son poids d’équilibre.

Aujourd’hui, nous savons que notre cerveau traite tous les besoins, physiques et psychiques, de manière équivalente, sans distinction ni discrimination. Inutile donc de tenter de les nier, nous ne ferions que nous couper d’une part de nous-même. Corps et âme, nous formons un tout, indissociable, intimement imbriqué Et nos envies alimentaires traduisent des besoins légitimes en provenance de tout notre être (Sens, Tête, Cœur, Corps). En pratique : si c’est de chocolat dont vous avez envie, mangez-le ! La pomme ne satisfait pas les mêmes besoins. Et savourez-le, il ne vous en fera que plus de bien.

 

Le mangeur épicurien choisis donc ses plaisirs alimentaires de sorte à ne pas générer de déplaisir. Il est à l’écoute de ses besoins, connait ses limites et fait ses choix en connaissance. Les clés de sa régulation : l’attention qu’il porte au goût des mets qu’il savoure, et sa capacité à laisser ce qui ne lui procure pas de plaisir suffisamment intéressant. Bref : il ne garde que le meilleur. N’est-ce pas une jolie diète ? 😉

Article mis à jour le 28/04/2020

 

 

1 Épicure : philosophe grec (341-270 avant J.-C.).

2 Source : http:/www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/%C3%89picure/118204

 

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